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nête, n’y cueillent que ce qui peut paraître étayer les prétentions extrêmes qu’ils osent soutenir ! Même si cette source était intacte, elle ne représenterait encore que la Aversion (le Lawrence et des autorités, et peu ou point celle des Acadiens ; et quand, à cette insuffisance native, s’ajoute pour elle le fait d’avoir été tronquée par Lawrence et ses complices, et encore tronquée par le compilateur même, nous nous demandons ce qu’il en reste après que Parkman lui a appliqué à son tour ses procédés de mutilations à outrance[1].


Pour mieux saisir notre pensée au sujet de l’injustice qu’il y aurait à écrire l’histoire de cette province d’après ces documents tronqués, et même si nous les avions au complet, que l’on se rappelle les malversations dont Lawrence est accusé, les humiliations, la tyrannie qu’il fit subir aux colons anglais d’Halifax, ainsi qu’il appert par les requêtes de ces derniers. Que font voir de tout cela les documents officiels ? Rien, absolument rien. Et cela se comprend. Lawrence, qui avait tout pouvoir en mains, n’était certainement pas assez naïf pour faire verser aux archives les plaintes portées contre lui par le peuple, encore moins pour les transmettre aux Lords du Commerce. Tous ces faits si importants ont été ignorés du public pendant plus d’un siècle ; et, sans la découverte du manuscrit de Brown, ils le seraient encore. Nous nous trompons : il y a un document officiel qui pouvait jeter un flot de lumière sur la tyrannie et les malversations de Lawrence, c’est la lettre des Lords du Commerce à Belcher, en date du 3 mars 1761, que nous avons citée.

  1. Le paragraphe suivant est sur un feuillet non paginé ajouté au fol. 701 du MS. original, et auquel l’auteur renvoie par un signe.