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qu’on l’espérait la condition du pauvre ? A-t-il produit dans l’ordre moral un bienfait correspondant à celui qu’il a opéré dans l’ordre matériel ? Voilà les questions que l’on se pose à son sujet, et qui sont à l’étude depuis qu’il est lancé.

L’on peut difficilement douter que le progrès matériel, qui vient de la science, comme la science elle-même vient du créateur de l’univers, ne soit providentiel, ne fasse partie du plan divin élaboré par le grand ordonnateur des choses ; mais encore faut-il l’étudier, l’analyser, le comprendre, le diriger dans le sens des intérêts supérieurs de la morale. Tout progrès humain a ses bonnes et ses mauvaises conséquences : c’est son résultat global qui est le critère de son mérite ; et nous aimons le progrès, parce que, grâce à une sage orientation, il peut servir des fins idéales. Cette poussée soudaine vers le progrès n’a pas encore donné ses meilleurs fruits ; ce qu’on en attend est encore vague et incertain. Jusqu’ici ses résultats n’ont pas dépassé la sphère de la matière. Mais est-ce à cela qu’ils vont se borner ? L’avancement matériel ouvrait la voie ; mais il ne peut être qu’un moyen, l’instrument des desseins de la Providence dans l’expansion de la civilisation véritable et de l’esprit chrétien ; il ne vaut qu’en fonction des intérêts supérieurs de l’humanité. Sans doute, les grands résultats de ce mouvement sont encore dans le lointain ; mais, si nous l’étudions de près, nous ne pouvons fermer les yeux sur ce qui a déjà été accompli, sur la révolution qui s’opère dans les idées[1].

Dans le progrès, nous distinguons les inventions purement ingénieuses de celles qui exercent une influence mar-

  1. Tout l’alinéa qui suit est bien dans le MS. original, mais sur un demi-feuillet non-paginé ajouté au fol. du texte, 691.