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lièrement ni un jugement de cour. Mais, à cela près, il ne manque rien à notre exposé, et la lettre des Lords du Commerce à Belcher montre bien que la mesure des iniquités commises par le gouverneur était comble, et que seule une mort opportune le sauva de la disgrâce qui était à la veille de fondre sur lui[1]. L’on comprit sans peine que Lawrence, si habile qu’il fût, avait couru un risque immense en déportant les Acadiens sans les ordres et contre les intentions formelles de la Métropole. Sa manière de procéder, les déguisements dont il a revêtu sa pensée, les précautions dont il a su s’entourer, sa précipitation à agir avant de recevoir une réponse à ses lettres ambiguës, tout nous fait voir qu’il s’engageait délibérément dans une partie audacieuse et pleine de hasards, qui pouvait entraîner sa ruine, la perte

  1. Le 30 septembre 1899, la revue The Speaker, de Londres, consacrait à Acadia une substantielle analyse-critique, sous le titre de : An Episode of Empire. Cet article est dans l’Album où Richard avait réuni les divers comptes-rendus de son ouvrage ; il n’est pas signé, mais Richard l’a fait suivre de ces mots : Sent to me by James Bryce, the historian. D’où nous pouvons conclure que James Bryce devait en être l’auteur. Nous en extrayons ce qui suit, et qui se rapporte à la preuve que Richard prétend avoir donnée des motifs intéressés de Lawrence comme cause de la Déportation. Bryce admet d’abord que Eichard a bien montré que la déportation fut un plan d’origine coloniale, qu’elle a été exécutée à l’insu de la métropole et même contre son aveu, (nous savons ce qu’il faut penser de tout cela,) puis il ajoute : « Whether his aspersions on Lawrence’s motives are justified is another matter, Lawrence doubtless helped himself to the property of the Acadians, and ended his career under a cloud. But his greed, we think, was an accident, not the cause, of his décision. (Ceci nous semble extrêmement juste : ce que Richard donne comme cause de la déportation n’en fut qu’un incident ou une conséquence en quelque sorte toute naturelle.) — Voici la conclusion assez piquante de cet article : «  We are rather too proud, perhaps, of having « picked up our Empire in a fit of absence of mind ». A little more knowledge on the part of the Home Government, a little more sympathy and understanding on the part of the earlier governors, might hâve saved the history of our american colonies from its deepest stain. »