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porains et les témoins des événements qu’il décrit. Il ne s’agit pas de l’opinion professée par des étrangers indifférents ou d’hostiles adversaires, mais par les administrés de Lawrence, par le peuple qu’il gouvernait. Il semble évident que la population d’Halifax se divisait alors en deux camps sur cette question de la déportation : d’un côté, les conseillers de Lawrence et ses favoris, sur qui « il avait répandu l’argent des contribuables en doublant leurs salaires et par d’autres ingénieuses malversations », ainsi que le porte l’une des requêtes citées plus haut ; de l’autre, le reste des citoyens, qui avaient à se plaindre de l’oppression qu’il faisait peser sur eux. En d’autres termes, sa conduite était approuvée ou excusée par ceux qui avaient intérêt à le faire, et blâmée par la masse des autres.

Il n’est pas surprenant de voir que le juge Deschamps et l’ancien secrétaire du Conseil, Bulkeley, prenaient offense de ce qui se disait ou se publiait contre la déportation. N’avaient-ils pas, de diverses manières, touché le prix de leur complicité ? Parkman, et quelques autres écrivains, n’ont mis aucun empressement à apprendre au public que la complicité des favoris de Lawrence fut largement rétribuée par de nombreuses grâces. Au contraire. Et pourtant nous eussions dû connaître, par leur entremise, que les gros bonnets du complot avaient reçu chacun 20,000 acres des terres des Acadiens. Nous n’avons pas cherché à pénétrer tous les détails de ces alléchantes gratuités ; ce que nous en disent les deux principaux historiens de ces événements doit suffire. Voici, par exemple, ce qu’il y a dans Haliburton[1] :

  1. Le MS. original — fol. 677 — dit : « à la page 100 du volume I de son Histoire de la Nouvelle-Écosse. » Ce passage est, au contraire, dans le tome II >