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Quand, sous l’empire de l’intérêt, toujours si dangereux, l’honneur disparaît des sommets, on le retrouve encore dans le peuple. Et Brown n’était que l’écho de l’opinion lorsqu’il dénonçait la déportation en termes si absolus et si extraordinaires.

Ce même Dr. Brown raconte au long une anecdote dans laquelle il était personnellement concerné, et qui peint bien cette même disposition d’esprit existant encore à Halifax au temps où il écrivait. Nous la traduisons intégralement[1] : « Chaque fois qu’une discussion publique était soulevée au sujet des événements de la guerre de 1756, relativement à ce qui concernait la Nouvelle Écosse, les vieux serviteurs du gouvernement manifestaient des appréhensions et des inquiétudes, particulièrement lorsqu’il était fait mention de l’affaire des Acadiens. Quand la traduction de l’histoire de Raynal parvint dans la province, l’article sur la Nouvelle

  1. Le MS. original — fol. 672 — dit : « Nous la résumons brièvement. » Le résumé de Richard est à peu près complet, la citation presque textuelle. Il restait cependant de légères lacunes que nous avons comblées. En sorte que il ne saurait pas être question d’un bref résumé. Cette anecdote se trouve dans C. F. loc. cit. Tome II, p. 141-2, et dans Coll. of N. S. H. S. vol. II P. 149-50. — Voici des notes biographiques sur Deschamps et Bulkeley dont il est question dans l’Anecdote : Isaac Deschamps était suisse d’origine. Vînt en Nouvelle Écosse quand il était jeune. Il était à Fort Édouard en 1754, comme commis de Joshua Manger. Fut élu député à l’Assemblée pour Falmouth Ouest, en juillet 1761, et cette même année fut élu l’un des juges de la cour des Plaids communs pour le comté de King. En 1768 fut nommé par le lt.-gouv. Franklin juge de l’Île de St-Jean, et vers 1770 assistant-juge-en-chef de la cour Suprême de la Nouvelle-Écosse. En 1785, à la mort du juge-en-chef Finucane, il fut fait juge-en-chef de la province. Il mourut le 11 août 1801. — Richard Bulkeley était venu en Nouvelle-Écosse en 1749 comme aide-de-camp de Cornwallis. En 1759 il devint secrétaire de la province, charge qu’il occupa jusqu’en 1793, où il résigna en faveur de son frère Michel. En 1759, fut fait membre du conseil ; comme doyen de ce corps, il administra la province à la mort du gouverneur Parr en 1793. Bulkeley mourut le 7 décembre 1800, âgé de 80 ans.