Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/142

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’on a voulu contester cette assertion ; mais, lorsqu’il publia son Histoire, neuf ans plus tard, Haliburton réitéra son accusation presque dans les mêmes termes. Nous ne


    laquelle travaillaient huit ou dix commis ; on ne me donna aucun siège afin que je ne pusse pas m’asseoir, et qu’aucun de mes mouvements ne pût échapper aux employés. Voilà dans quelles conditions j’ai pu consulter les archives pendant les huit ou dix jours que j’ai passés à Halifax. Je vous avoue que cette manière de faire me rappela involontairement ce que raconte Haliburton, à propos de mécomptes qu’il avait éprouvés lui-même en consultant ces mêmes archives, et aussi les soupçons qui lui vinrent à l’esprit, sur la honte que l’on pouvait éprouver à communiquer certains papiers qui auraient dû s’y rencontrer, et qu’il n’y trouva pas. J’ai remarqué comme lui les lacunes qui existaient à certaines époques dans ces archives ; lacunes que les extraits publiés à Halifax en 1869 n’ont pas comblées. Peut-être, du reste, pourrait-on trouver dans d’autres dépôts publics, des doubles de quelques-unes des pièces qui manquent à Halifax… » Et Casgrain ajoute : « M. Rameau n’est pas le seul à qui des doutes soient venus en parcourant le volume d’Archives de la Nouvelle-Écosse, publié par le gouvernement de cette province, sous la direction de M. Akins ; et c’est précisément pour éclaircir ces doutes que je me suis rendu à Londres, afin d’y faire des études comparatives au Public Record Office et au British Museum. Je dois dire tout d’abord que la facilité avec laquelle on a accès à ces archives forme un contraste frappant avec le système de défiance établi à Halifax, Je dois ajouter ensuite que j’ai acquis la preuve que nos soupçons n’étaient que trop fondés. Le choix des Documents publiés à Halifax a été évidemment fait en vue de justifier la déportation des Acadiens. Pour cela on a éliminé systématiquement et laissé dans l’ombre les pièces les plus compromettantes, celles qui pouvaient le mieux établir les droits des Acadiens. Qu’on remarque bien que le compilateur de ce volume n’a pas le droit de plaider ignorance, car il indique lui-même en plusieurs endroits qu’il a étudié les pièces officielles du Public Record Office, afin de les confronter avec celles d’Halifax. J’ai confronté à mon tour la compilation d’Halifax avec les originaux du Public Record Office, et j’ai constaté des omissions considérables et tellement essentielles qu’elles changent complètement la face des choses. » — À cela se borne la citation que Richard fait de Casgrain, et la note se termine là dans le MS. original. Mais, dans l’édition anglaise (II, p. 146,) il a ajouté les mots suivants : « Philip H. Smith traitant du même sujet dit : « La déportation a été opérée d’une manière si abominable (heartless), que, comme d’un commun accord, les rapports la concernant ont été détruits, et les historiens ont passé outre en y faisant seulement allusion, comme si l’ignominie de cette action leur eût fait peur. »