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de les examiner jusqu’au fond, l’on trouvera que pas moins de 10, 000 livres de rum, mêlasse, (il y avait au moins 30, 000 gallons de cette dernière évalués à 3, 000 livres,) de bœuf, de porc, de provisions et de marchandises de toutes sortes, destinées à ravitailler les indiens et les habitants français, ont été prises dans Beauséjour, et n’ont été ni distribuées en récompense à ceux qui ont capturé le fort, ni régulièrement enregistrées dans les livres : nous en exceptons une légère quantité de bœuf et de porc qui a été vendue au commissaire M. Saul… laquelle était en très mauvais état, gâtée ; et le gouverneur a eu l’audace de certifier que ce qu’il avait ainsi vendu venait des provisions envoyées par le gouverneur Shirley.

« … Il est certain que les bestiaux, etc., des habitants français ont servi à des fins personnelles ; nous savons notamment que 3, 600 cochons et près de mille têtes de bestiaux ont été tués et empaquetés à Piziquit[1] seulement et envoyés par eau à d’autres places, ce qui dans d’autres forts est encore un secret tout-à-fait inexplicable par rapport au montant d’une très-large somme ; et Lawrence et son commissaire sont maintenant dans une grande perplexité et cherchent à couvrir cette fraude inique…

« Il est possible que le gouverneur produise des certificats de nature à couvrir toutes ces fraudes ; car si les originaux font défaut, il a sous ses ordres des personnes habituées à fabriquer des doubles et qui suppléeront aux pièces

  1. Le texte, tel que donné dans le C. F. Doc. in., P. 147, porte Pisgate. Rameau, qui a cité et traduit ce passage (Une colonie, II. 162), après Pisgate, met entre parenthèses : Est-ce Pisgate ou Risgate ? — Richard — MS. original — fol. 664 — met Pigiquit. C’est évidemment Richard qui a raison.