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point, nous allons vous expliquer notre manière de voir touchant cette très importante question (du départ), avec la même sincérité que nous avons toujours apportée dans nos relations avec vous.

« … Mes amis, à l’instant où vous avez manifesté le désir de vous en aller et de vous soumettre à un autre gouvernement, notre résolution a été prise de n’empêcher personne de suivre ce qu’il pensait être son intérêt… Nous vous avouons franchement, cependant, que votre détermination de quitter nous fait de la peine. Nous savons pertinemment que vous êtes industrieux et tempérants, que vous n’êtes adonnés ni au vice ni à la débauche. Cette Province est votre pays ; vous et vos pères en avez cultivé le sol ; naturellement, il ne serait que juste que vous jouissiez des fruits de votre travail… Quand nous arrivâmes ici, nous pensions que rien ne vous serait plus agréable que la détermination qu’avait prise Sa Majesté de coloniser cette province. Certes, rien de plus avantageux pour vous ne pouvait avoir lieu. Vous possédez les seules terres cultivées qu’il y ait dans la province ; ces terres produisent du grain et nourrissent des bestiaux en quantité suffisante pour toute la colonie… En un mot, nous nous flattions de faire de vous le peuple le plus heureux du monde… Dans vos requêtes, vous demandez un exode en masse. Comme il vous est impossible de vous rencontrer tous à un certain rendez-vous, de façon à vous en aller tous ensemble avec vos familles, ce mot « congé général »[1] doit être entendu d’une permission générale de quitter quand vous le jugerez bon, par mer ou par terre, ou de

  1. En français et entre guillemets dans le texte anglais de Akins : d’où il faut conclure que cette expression était dans la requête des Acadiens.