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Excellence se laissera toucher par nos misères. Et nous, de notre côté, nous prierons Dieu avec ferveur pour la conservation de votre personne. »

Cette lettre portait mille signatures.

Comme on l’a vu, Cornwallis avait déjà fait savoir aux Acadiens qu’ils pouvaient, s’ils le voulaient, quitter le pays, mais que ce serait sans rien emporter avec eux. Il avait donc commis la même bévue que ses devanciers. Ainsi qu’eux, il s’imaginait que ces paysans étaient trop attachés à leurs biens pour sacrifier le fruit de leurs patients travaux. Mais il se trompait étrangement, tout comme Philipps, Armstrong, et les autres. Sa psychologie était en défaut. Il ne s’en rendit peut-être pas compte tout d’abord, mais il n’allait pas tarder à s’en convaincre.

À la lettre-requête que nous venons de citer, ce Gouverneur fit une longue et dure réponse, laquelle nous donnons in-extenso[1] :


« Messieurs, — Nous avons raison d’être bien étonné de votre conduite. Voicy la troisième fois que vous êtes venus icy de vos départements et vous ne faites que répéter les mêmes choses sans le moindre changement. Aujourd’huy vous nous présentés une lettre signée de mille personnes où vous déclarés ouvertement que vous ne voulez être sujets de Sa Majesté Britannique qu’à telles et telles conditions.

« À ce qui paroit, vous vous croyez indépendant de tout gouvernement et vous voudrez traiter avec le Roy sur ce

  1. N. S. Documents, pp. 174-5. Cette lettre couvre deux pages entières de la compilation de Akins. — Archives Canadiennes pour l’année 1905, (vol. II, 5-6. Édouard VII., A. 1906, pp. 363-4.) Cette réponse est datée du 5 7bre 1749.