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Pendant tout l’été de 1746, ils entretinrent dans leurs districts 1700 Canadiens qui attendaient l’arrivée de la flotte du duc Danville, et lorsqu’une partie des troupes se rendit jusqu’au fort, ils l’aidèrent, lui fournirent des fascines et reçurent des armes des Français pour prendre part à l’attaque.

L’hiver suivant, les habitants français firent connaître aux troupes françaises qu’une troupe anglaise de 500 hommes avait établi ses quartiers aux Mines ; ils incitèrent l’ennemi à attaquer les Anglais et réussirent à faire pénétrer des officiers français dans les quartiers anglais avant l’attaque. Ils prirent part à l’attaque avec les Français et massacrèrent 70 sujets de Sa Majesté ; les deux tiers de ce nombre étaient malades et furent assassinés par les habitants français. Ces renseignements ont été fournis par des soldats qui s’évadèrent. Par la suite, et avant la capitulation, ils avaient des armes et furent chargés de la garde des prisonniers anglais qu’ils traitèrent avec plus de sévérité que les sujets du roi français l’auraient fait.

Par la suite, ils reçurent et supportèrent très souvent des détachements français durant la guerre.

Depuis le premier établissement des Anglais à Halifax, les habitants français ont toujours incité les sauvages à commettre des hostilités contre eux. Ils ont maintenu, supporté ceux-ci et leur ont indiqué les endroits où ils pouvaient avantageusement harasser ceux-là, car toujours, avant que les sauvages ne commissent leurs attentats, les habitants français ont été vus rôdant autour de l’établissement.

Depuis notre premier établissement, ils ont refusé obstinément de prêter le serment d’allégeance et ont induit plusieurs de nos colons étrangers à passer chez les Français. Ils ont toujours fourni des provisions aux troupes françaises qui se sont introduites dans cette province et les ont tenues au courant de tous les mouvements des Anglais, obligeant ces derniers à se tenir dans les bourgs fortifiés et les empêchant de cultiver et d’améliorer les terres situées à une certaine distance. Cette situation a causé de grandes dépenses à la nation britannique et pour la même raison, au-delà de la moitié des habitants venus ici pour s’y établir ont quitté la province pour aller dans d’autres colonies où il leur sera possible de gagner leur pain sans risquer leur vie.

L’énumération des faits précédents qui se sont succédé depuis quarante ans, doit nous convaincre que les habitants français au lieu de manifester l’intention de devenir de bons sujets, ont démasqué de plus en plus leur haine invétérée contre les Anglais et leur affection pour les Français. D’ailleurs ils viennent de donner un exemple de leur insolence au capitaine Murray auquel ils ont caché leurs meilleures armes et livré des mousquets hors d’usage et refusé absolument de prêter le serment.

Dans de semblables circonstances, je crois qu’il est contraire à l’honneur du gouvernement, à la sécurité et à la prospérité de cette province de permettre à aucun de ces habitants de prêter le serment.

2. — Ce serait contraire à l’esprit et à la lettre des instructions de Sa Majesté.