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ou à peu près rien, de ce qui s’est passé à Piziquid, Annapolis et Beauséjour ; tout de même, il est fort précieux[1]. Si Winslow a écrit pour la postérité, ainsi qu’il semble bien, il a dû, on le comprendra, s’y montrer sous le jour le plus favorable ; mais il suffit qu’il ait eu conscience du rôle odieux qu’il remplissait pour que nous soyons autorisé à lui accorder toute l’indulgence que comportait sa situation.

Les ordres qu’il avait reçus étaient péremptoires, et la cruauté était aussi inséparable de leur exécution qu’elle l’est de l’opération d’un chirurgien. Pour mieux réussir, il lui fallait se faire menteur comme un arracheur de dents[2]. Nous lui avons mis à l’esprit des réflexions qu’il ne s’est peut-être jamais faites, dans le cœur des impressions qu’il n’a peut-être pas ressenties, mais nous avons préféré errer dans ce sens, pour l’honneur de l’humanité et de la civilisation. À l’exception peut-être de Handfield et de Monckton, au sujet desquels nous ne connaissons que peu de choses, nous ne saurions faire bénéficier Scott, Prebble, et surtout Murray, de la même indulgente appréciation.

Le journal de Winslow renferme une lettre de Handfield, où, à l’honneur de ce dernier, on lit ce qui suit :


« Je m’unis à vous de tout cœur pour souhaiter que nous

  1. Ceci n’est guère exact. Ce journal a été publié en deux parties, la première est relative au siège de Beauséjour, etc., la deuxième est relative à la déportation des Acadiens de Grand-Pré et lieux adjacents. — Dans tout ce journal il y a des informations concernant ce qui s’est passé un peu partout, à l’occasion de la déportation, et beaucoup de pièces officielles. La N. S. H. S. n’a d’ailleurs pas publié ce journal en entier.
  2. C’est l’expression du MS. original — fol. 589. — Le traducteur (ii, 81) a mis : « To make his success more complete, he had to tell no end of lies. »