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fini à cet égard, pour mieux les préparer aux mesures extrêmes qu’il avait arrêtées. Avant d’en venir à ceux des habitants qui étaient restés paisiblement sur leurs terres dans la péninsule, il était préférable de ne faire mention que de ceux qui s’étaient depuis longtemps réfugiés à Beauséjour, et pour lesquels les Lords du Commerce entretiendraient moins de sollicitude. Toutes les audaces peuvent réussir, pourvu que l’on procède avec une savante gradation. Celle-ci était la seconde. Les Acadiens furent-ils chassés, comme il disait l’avoir commandé à Monckton ? Pas du tout ! Il s’en serait bien gardé. Nous verrons ultérieurement que l’espèce d’imprécision qu’il voulait laisser dans l’esprit des Lords, quant à son vrai projet, eut plein succès ; que son projet, même atténué, et présenté sous une forme adoucie, jeta parmi eux l’alarme et fût sévèrement blâmé. Mais alors il était trop tard, le crime était consommé.

Ici encore, Lawrence nous fait voir que même ces Acadiens réfugiés (deserted) obéissaient aux ordres d’avoir à livrer leurs armes. Ils étaient, selon toute apparence, fort paisibles et soumis, et Lawrence n’entretenait aucune crainte à leur égard, puisqu’il se proposait, avant de les expulser, de les employer d’abord à réparer les fortifications de Beauséjour.

Un autre point, qui montre que le gouverneur cherchait à préjuger les Lords du Commerce contre les Acadiens, est qu’il ne mentionne aucunement dans sa lettre le fait que les trois cents Acadiens pris les armes à la main, lors de la reddition de Beauséjour, avaient été pardonnes par Monckton[1],

  1. Il est vrai que Lawrence ne mentionne pas Dans sa lettre que ces Acadiens avaient été pardonnés ; mais les Lords connaissaient ce détail, attendu que ce terme de pardon était contenu dans le 4e art. de la capitulation de Beauséjour, et