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Acte du Parlement ; vous ne pouvez plus être considérés que comme des Papistes récalcitrants. »

Lawrence avait dû prévoir qu’à moins de circonstances extraordinaires, il ne pourrait forcer ces députés à prendre une décision sans consultation préalable avec ceux qu’ils représentaient. Malgré son audace, il eût été fort embarrassé si ces délégués eussent incontinent accepté ses propositions ; mais il n’éprouvait aucune inquiétude sous ce rapport ; il savait à peu près exactement comment les choses se passeraient, et il était prêt à toute éventualité ; car advenant un acquiescement tardif de leur part, il avait cet Acte du Parlement pour leur barrer le chemin. Il eût été dangereux pour l’avenir de ses projets de laisser les députés s’en retourner vers leurs compatriotes ; ces députés s’étant finalement offerts à prêter le serment, il pouvait craindre qu’ils ne donnassent des conseils en ce sens ; et comme l’affaire du serment n’était qu’un prétexte qui lui servait à masquer ses projets, il se fût trouvé pris dans son propre piège. Pour parer à cet embarras, Lawrence les fit emprisonner. « Il ne paraît pas, dit Philip H. Smith, que les hommes qui furent ainsi emprisonnés sans autre forme, aient été trouvés coupables d’avoir assisté les ennemis du Roi, ou aient refusé de fournir au gouvernement des provisions ; il ne paraît même pas qu’ils aient été accusés individuellement de pareille offense ; tout ce que fît le conseil fut de s’en tenir à une accusation générale portant sur une disposition constante à nuire aux sujets anglais, sans daigner toutefois étayer cette accusation d’un seul cas circonstanciellement prouvé, ou jamais avancé. »

En prenant au sérieux les procédés de Lawrence, il aurait suffi aux Acadiens de prêter un serment sans réserve pour rester paisibles sur leurs terres. Est-ce ainsi que ce gouver-