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Il les accuse de ne pas avoir donné d’informations, en temps opportun, concernant les mouvements des Français. Cette accusation ne peut se rapporter qu’aux invasions des Français, de 1744 à 1748. Bien que leur condition de neutres pût être interprétée par les Acadiens comme ne leur faisant pas un devoir de fournir des renseignements aux autorités, cependant nous avons de nombreux exemples qu’ils le firent. Nous en avons cité quelques-uns au cours de ce travail, entr ’autres celui de Grand-Pré, lorsque cette place fut attaquée par les Français. Les Acadiens avaient eu vent de ce projet et en avertirent le colonel Noble. L’on se moqua de leur avis, avec les résultats que l’on sait[1]. Nous avons la preuve souvent répétée que, dans toutes ces invasions, les Français, par crainte, et pour prévenir ce « timely intelligence » que les Acadiens pouvaient donner aux Anglais, avaient eu la précaution de placer des gardes sur toutes les routes. À ce même combat de Grand-Pré, il en fut ainsi : « Comme l’on avait conçu l’idée, dit Campbell à la page 95 de son Histoire de la Nouvelle Écosse, d’attaquer les Anglais par surprise, les bois furent gardés, de façon qu’ils ne pussent être prévenus de la chose par quelque secrète information. » L’on peut voir aussi là-dessus Murdoch, en son volume II, p. 106. L’on trouvera d’autres exemples de ce « timely intelligence », de cet « avis opportun »., fourni par les Acadiens aux autorités anglaises, aux pages 133, 138, 147, 152, 155, 157, 177, 183, 605 du volume des Archives ; et dans Murdoch, vol. I, p. 411, et vol. II, aux pages 18, 25, 42, 73, 76.

Il a pu et il a dû se rencontrer des cas dans le sens inverse. Il faudrait ne pas connaître la nature humaine et ne

  1. Le MS. original — fol. 513 — renvoie ici à Hannay et Murdoch.