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que par un petit nombre de soldats, et ne constituait à proprement parler qu’un entrepôt d’approvisionnements et de munitions de guerre. Vergor donna ordre à M. de Villerai, qui y commandait, de le livrer, ce qui fut fait les jours suivants.

Beauséjour fut tout de suite occupé par les troupes anglaises, et son nom changé en celui de Cumberland. Dans les dix jours qui suivirent la capitulation, tous les Acadiens vinrent à tour de rôle remettre leurs armes au colonel Monckton. Peu de temps après, les Français évacuèrent également le fort de la rivière St-Jean ; de sorte qu’il ne restait plus rien de la domination française au nord de la Baie de Fundy, si ce n’est des postes de commerce à MiramicM et sur les côtes du Golfe, dans le voisinage de la Baiedes-Chaleurs. Le Loutre s’était prudemment esquivé avant l’occupation du Fort Beauséjour, et, sur la route de Québec, à travers les solitudes de la rivière St-Jean, il pouvait méditer à son aise sur l’instabilité des choses humaines[1]. De


    de Drucourt, gouv. e. 11. Juin 54. Le long des côtes de l’Acadie, à 12 lieues d’Halifax. Le lieutenant de Loppinot au Ministre. Folio 314. — 3 ½ pp.

    Can. Arch. (1894) P. 205. 1755. June 28. Halifax. Lawrence to Lords of Trade. « Beauséjour surrendered after 4 days bombardment, before a single gun was mounted on the batteries. » " — H. 300. B. T. N. S. vol. 15.

  1. Cette phrase est irrespectueuse et d’une ironie mal placée. Le Loutre protesta jusqu’à la fin contre la reddition de Beauséjour : son courage n’eût pas raison de la lâcheté de Vergor et de Vannes. La capitulation de la place s’étant faite contre son gré, il n’avait qu’à s’enfuir pour ne pas tomber aux mains d’un ennemi trop facilement vainqueur, et dont il ne pouvait reconnaître l’autorité. Eût-il dû partager la honte qui frappait le faible commandant Vergor, quand il avait au contraire prêché la résistance jusqu’à la mort. ? En s’en allant, il dégageait sa responsabilité d’une capitulation qui était une infamie. L’auteur d’Acadie insinue que, dans son voyage vers Québec, LeLoutre pouvait méditer à loisir sur l’instabilité des choses humaines, comme si ce vrai prêtre eût jamais couru après la fortune, les honneurs, la puissance, et que ses ambi-