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tagne, et qu’on les menaçait de les traiter en criminels si on les prenait parmi les Français[1]. »

Les moyens de contrôle faisant ici défaut, nous ne pouvons contredire ni confirmer les affirmations de Pichon, que nous venons de rapporter. Nous l’avons cité, parce que les faits qu’il narre ne sont pas invraisemblables ; ils sont, au contraire, conformes à l’idée que nous nous faisons de la situation de Le Loutre et des motifs qui l’inspiraient. À cette date, du moins, Pichon était, non pas loin des lieux, comme dans l’affaire du meurtre de Howe, — d’où la nature très-problématique de ses accusations à ce sujet, — mais à Beauséjour même, et, par conséquent, en mesure de parler en pleine connaissance de cause. La vérité pouvait ici suffire[2].

Après l’agitation provoquée par la conduite de Cornwallis, à son débarquement à Halifax, Le Loutre s’était considérablement calmé, et cela parce que les dangers qu’il avait prévus s’étaient pour le moment dissipés. Mais, lorsqu’il s’aperçut que Hopson ne revenait pas, et que Lawrence, qu’il avait été à même de juger, devenait gouverneur en titre, et qu’il donnait cours à ses instincts cruels, le missionnaire prit de nouveau l’alarme. Et quand son confrère Daudin eût été traîné à Halifax et condamné à quitter le pays, nous ne doutons pas un instant que son zèle impétueux n’ait trouvé dans cet incident tout l’aliment qui pou-

  1. Nova Scotia Doc. Akins. Thomas Pichon to captain Scott. October 14th 1754. — P. 229-30-1. — Il a déjà été question, dans un ch. préc, de cette arrestation de l’abbé Daudin par le capitaine Murray, dont parle Pichon au commencement de cette lettre.
  2. Mais la question est de savoir si un personnage tel que Pichon, absolument dénué de sens moral, était jamais capable de dire la vérité ? Pour nous, son témoignage est absolument nul en toute matière.