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fax, a laissé entendre qu’il était probable que l’on put avoir un nombre considérable de colons de Nouvelle Angleterre prêta à aller se fixer dans ces régions, vous feriez bien de le consulter là-dessus. Mais il nous semble que toute idée d’implanter une colonie britannique en cet endroit serait absurde, à moins de supposer que les forts français de Beauséjour, Baie Verte, etc., ont été détruits, les Indiens délogés de leurs campements, et les Français forcés de se réfugier, comme dans un dernier asile, dans l’île du cap Breton, à St-Jean et au Canada[1]. »


Lawrence avait dû s’attendre à quelque chose de plus : son but, semer des préjugés dans l’esprit des Lords du Commerce, les indisposer contre les Acadiens, était atteint tout de même ; mais il avait pu espérer que leur réponse renfermerait quelque déclaration qui l’avancerait plus sensiblement vers l’objet qu’il avait en vue. Au lieu de cela, sa proie.

  1. Notre opinion, au sujet de cette lettre des Lords du Commerce, diffère radicalement du commentaire bienveillant que l’auteur d’Acadie va en donner ici. Pour nous, cette lettre est au moins aussi insidieuse que celle de Lawrence, à laquelle elle répondait ; le gouverneur n’a pas eu besoin de la lire entre les lignes pour découvrir qu’elle lui laissait le champ libre. Bien plus, elle contenait tout un programme qui s’harmonisait parfaitement avec toutes les intentions, toutes les arrière-pensées de Lauwrence, et qui même allait au delà, si possible. Ce personnage pouvait s’en féliciter. Ou nous sommes désespérément aveugle, ou il faut voir dans ce document non seulement une approbation des vues exprimées par ce personnage, mais encore une incitation à marcher de l’avant dans une politique qui allait aboutir à la déportation. Nous prions le lecteur d’en peser tous les termes, de la méditer. Il jugera ensuite si l’interprétation qu’en fait Richard en dégage le sens obvie et naturel, et si ce dernier a raison de nous la présenter comme une fin de non recevoir opposée au plan du gouverneur. Les Lords savaient bien ce qu’ils disaient quand ils referaient, pro forma, Lawrence au chief-justice. Ce juge-en-chef était Jonathan Belcher, nommé par eux à ce poste le 21 juin 1754. (Cf. Can. Arch. (1894) 21 June, Whitehall. Lords of Trade to the King. Send warrant appointing Belcher chief-justice. B. T. N.