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ment, par Lawrence, qu’ils demandèrent la permission de partir, laquelle leur fut refusée. Il ne faut pas oublier que, cinq ans plus tôt, Cornwallis, à bout d’expédients, avait promis de donner, aussitôt que l’état du pays le permettrait, des passe-ports à tous ceux qui désireraient quitter la province. Si l’intention de ces trois cents Acadiens était de ne plus rentrer, il semble bien qu’ils avaient le droit de se prévaloir des promesses de Cornwallis, qu’elles eussent été sincères ou non, et de s’en aller, avec ou sans saufs-conduits. Si, au contraire, ces gens partaient avec l’intention de revenir, alors Lawrence pouvait être excusable de prendre contre eux les mesures convenables pour les obliger à réintégrer le territoire, et même les punir de cette désobéissance. Il est probable qu’un certain nombre d’entre eux partaient définitivement, et que les autres voulaient décider, Beauséjour même, s’ils reviendraient ou non. Les rigueurs croissantes, par lesquelles Lawrence signalait son administration, semaient déjà l’inquiétude parmi la population, et ce départ en était le résultat.

La saison propice aux travaux d’endiguement était très courte, et ces travaux étaient le premier effort sérieux pour procurer des terres à ceux qui avaient émigré au temps de Cornwallis. Ces réfugiés étaient des parents, des frères. L’on conçoit donc le désir que ressentaient les Acadiens, habitant de ce côté-ci de la frontière, d’aller aider leurs frères dans des travaux qui devaient les tirer de la misère et leur permettre de faire vivre leurs familles. Ceux qui venaient de se rendre à Beauséjour étaient exposés eux-mêmes d’un moment à l’autre à avoir à quitter la province, si le serment sans réserve était exigé. Ils seraient alors heureux, au cas où ils émigreraient pour de bon, de trouver des parents et des amis en état de les soulager à leur tour.