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« … Il m’est très agréable de voir la justesse du point de vue auquel se placent vos Seigneuries à l’égard des habitants Français ; car tout changement dans les affaires de ces derniers pourrait avoir les plus hautes conséquences pour l’avenir de cette province. Ces Français sont depuis longtemps l’objet de ma plus sérieuse attention ; et comme, dans l’exercice de mes fonctions, je me suis trouvé fréquemment en contact avec eux, j’ai donc pu me former de leur caractère et de leur situation une opinion que je prends la liberté d’exposer à vos Seigneuries ; je me permettrai d’y ajouter des suggestions au sujet des mesures qui me semblent les plus pratiques et les plus efficaces pour mettre fin aux multiples inconvénients qui ont résulté pour nous, depuis des années, de leur entêtement, de leurs tricheries, de leur partialité envers leurs compatriotes, de leur ingratitude en retour des grâces, des bontés et de la protection, qu’ils ont, en toute occasion, si largement reçues de la part du gouvernement de Sa Majesté.

« Vos Seigneuries savent pertinemment que les Acadiens ont toujours affecté la neutralité ; et comme l’on s’imaginait communément ici que la douceur du gouvernement anglais

    autre choses, il y avait ceci : « Ils (les Lords) regrettent d’apprendre les disputes qu’il y a parmi les Acadiens ; le seul titre de propriété que ces derniers peuvent avoir sur leurs terres dépend de leur prestation du serment d’allégeance. Difficulté de recourir à une action judiciaire pour le règlement de leurs difficultés. Danger qu’il y a de les voir partir et aller renforcer les établissements français. » — Les Lords sont tellement contents de l’administration de Lawrence, en particulier de son attitude dans l’affaire des colons de Lunenburg, ils endossent tellement ses vues sur tous les points qu’ils finissent par lui dire qu’ils l’ont « proposé au poste de Lieutenant-Gouverneur, avec le salaire que cette fonction comporte ». Ibid. B. T. N. S vol. 36, p. 15.

    N’est-il pas évident que les Lords du Commerce ne reconnaissent aux Acadiens aucun status légal ni aucun droit de propriété foncière, tant qu’ils n’auront pas prêté serment d’allégeance absolue ? Nous avons cité longuement, dans notre précédent chapitre, cette lettre des Lords, du 4 avril 1754. Il était bon d’en rappeler les points essentiels.