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ordinaire à ces derniers. Était-ce parce que les concessionnaires de 100,000 acres de terre, — au nombre desquels se trouvaient un secrétaire d’État, un frère de celui-ci, et un futur secrétaire d’État, — avaient eu assez d’influence pour mettre obstacle à la demande du gouverneur ? Nous l’ignorons.

La lettre de Lawrence jeta les Lords du Commerce dans une grande perplexité, ainsi que l’on peut en juger par l’extrait suivant de leur réponse, en date du 4 avril 1754[1] :


« Nous sommes chagrins d’apprendre que les habitants français, bien que tranquilles sous d’autres rapports, ont entre eux des disputes et des controverses ; cela nous donne de l’inquiétude, car, ainsi que vous le remarquez avec raison, il sera impossible de rendre aucune décision judiciaire au sujet de leurs litiges sans admettre que les Acadiens ont des droits légaux sur les terres qui font l’objet de ces litiges ; or, en Loi, de par le Traité d’Utrecht, et de par les Instructions de Sa Majesté, ils n’ont en fait aucun droit sur leurs propriétés qu’à la condition de prêter un serment d’allégeance absolue et sans aucune réserve que ce soit… Nous ne voyons pas comment leurs différends peuvent être réglés pour le bien général de la Province sans un entier as-

  1. Le MS. original — fol. 431 — donne de ce document un court extrait que nous mettons entre crochets, et dont le sens n’apparaît bien qu’à l’aide de ce qui précède dans la lettre. C’est pourquoi nous la citons plus largement. Cela aura d’ailleurs l’effet de montrer au lecteur que, pour les Lords du commerce, à qui l’auteur d’Acadie prête si bénévolement l’esprit d’équité, aussi bien que pour Lawrence, les Acadiens n’avaient aucun titre à la possession de leurs terres tant qu’ils n’avaient pas prêté le serment d’allégeance absolue… « Great care must be observed that they (les Acadiens) do not take any step, which may in any degree seem to admit a right in these people to their lands before they have ac-