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réalité, d’après la prétention de Lawrence, on ne leur reconnaissait même pas un titre aux propriétés dont ils jouissaient en vertu du traité d’Utrecht.

Jusqu’à 1730, les Acadiens, malgré l’accroissement de la population, ne se préoccupèrent, ni de se procurer de nouvelles terres, ni de délimiter celles qu’ils occupaient, ni d’y faire des améliorations, pour la raison bien simple que la prolongation de leur séjour dans le pays était incertaine. Après la convention passée avec Philipps, et par laquelle ils étaient exempts de porter les armes, ils crurent que leur situation était définitivement réglée ; et c’est alors seulement que la question des terres prit pour eux de l’importance. Comme on leur refusait de nouvelles concessions, ils se virent contraints de subdiviser leurs anciennes terres ; et comme celles-ci n’avaient jamais été arpentées régulièrement, les difficultés commencèrent. Leurs différends à ce sujet furent soumis aux gouverneurs dès 1731 ; et c’est alors qu’Armstrong disait des Acadiens qu’ils étaient chicaniers. Le seul moyen de régler ces différends eût été de faire procéder à des arpentages. Or, au temps de Lawrence, il y avait dix, quinze, vingt ans et plus que ces cas litigieux étaient aux mains des gouverneurs, et rien n’avait été fait pour les résoudre. Il n’est pas surprenant qu’il ait pu dire : « … les Acadiens sont bien ennuyés de voir que les décisions au sujet de leurs litiges sont remises indéfiniment. » Ennuyés, — ils l’eussent été à moins. Mais voici qu’il nous livre le secret de ses délais interminables, quand il ajoute : « le fait de n’avoir pas prêté le serment d’allégeance constitue, suivant nos Lois, un empêchement absolu à pouvoir posséder des terres. » Apparemment, c’était à dessein que, depuis 1730, l’on n’avait pas fait arpenter leurs terres, ni supprimé par là la cause de leurs différends ; c’était parce que le serment qu’ils