Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/235

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[ 209 ]

sa conduite semble avoir été plus circonspecte, et peut-être aussi moins dure et plus équitable.

Le 5 décembre 1753, peu de temps après le départ de Hopson, il écrivait aux Lords du Commerce :

« Je saisis la première occasion qui se présente pour écrire à Vos Seigneuries, encore que, depuis le départ du gouverneur Hopson, il ne soit à peu près rien survenu de digne de votre attention…

« … J’en viens maintenant aux Acadiens, qui sont suffisamment tranquilles pour ce qui est des affaires du gouvernement, mais sont toujours en difficultés les uns avec les autres. Comme cet esprit de contention et de chicane montre la valeur qu’ils attachent à leurs propriétés, cela est bon signe jusqu’à présent. Mais, comme il n’y a pas parmi eux de procédure régulière pour l’administration de la justice, ils deviennent très-ennuyés de voir que les décisions au sujet de leurs litiges se trouvent indéfiniment remises. Nous ne pouvons, sans de graves inconvénients, les laisser plaider dans nos cours de justice ; le fait qu’ils n’ont pas prêté le serment d’allégeance constituant un empêchement légal à posséder des propriétés immobilières, vos Seigneuries concevront l’embarras que les tribunaux éprouvent à porter des jugements en des causes, où il s’agit de terres dont les titres de propriétés sont loin d’être certains, et où l’objet de la dispute concerne ordinairement des bornes de terres qui n’ont jamais été arpentées, que nous sachions…

« Les émissaires français continuent à semer l’inquiétude dans l’esprit des habitants au sujet du serment d’allégeance ; et bien que ceux-ci n’aient été l’objet d’aucune pression sur ce point, récemment, ils semblent croire cependant que nous n’attendons qu’une occasion favorable pour le leur imposer ; chaque jour ils se font une montagne des diffi-