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peut-être surpris d’apprendre comme il se fait que ce Monsieur, qui, il n’y a pas longtemps, était apprenti-peintre à Londres, se soit tout à coup haussé à une telle position. Nous devons reconnaître qu’il a de l’habileté, une grande finesse de bas aloi, qu’il est passé maître en flatteries, qu’il se répand en paroles bienveillantes et en promesses fallacieuses ; il s’entend à merveille à courtiser les étrangers qu’il pense pouvoir lui être utiles. C’est par de tels manèges qu’il s’est élevé au poste qu’il occupe : enflé de son succès, plein de lui-même, il veut outrageusement écraser quiconque ose ne pas entrer dans ses vues…

« …Une autre des habitudes du gouverneur est de déprécier et de malmener tous ses subalternes : c’est ainsi qu’il a publiquement qualifié son conseil de tas de canailles, qu’il a appelé les marchands des voleurs et des banqueroutiers, et qu’il nous a tous représentés en Angleterre comme un peuple mécontent et révolté… »


Tel était, jugé par les siens, l’homme qui a conçu et exécuté la déportation des Acadiens. Si Lawrence a représenté les citoyens d’Halifax comme « des mécontents et des révoltés », il ne faut pas s’étonner que les Acadiens aient été l’objet de semblables imputations de sa part ; il ne faut pas s’étonner non plus qu’il ait fait peser sur eux une lourde oppression, quand ceux qu’il avait pourtant tout intérêt à ménager avaient été exaspérés par ses procédés autoritaires et écrasants.

Il fallait que sa nature fut bien cruelle et perverse, pour qu’il n’ait pu la réprimer, quand une dénonciation, faite par ses concitoyens, pouvait le plonger dans la disgrâce et briser sa carrière ! Mais qu’avait-il à craindre du côté des Acadiens ? Leurs plaintes trouveraient-elles un écho par