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cre des Indiens ; si l’on le désire, il est prêt à venir à Halifax, et à donner là-dessus un témoignage évident[1]. »

Il s’agissait donc de Conner et de Grâce, qui, quelques semaines auparavant, avaient apporté à Halifax sept chevelures pour lesquelles ils avaient réclamé la prime.

Rapportons un autre incident tiré du même Journal :

« Le douze juin, (Casteel était alors à Baie Verte, sous la garde et la protection d’un lieutenant du Fort, nommé Caskaron,) un indien vint me chercher, et l’officier (français) m’ordonna de le suivre. Il me conduisit à un endroit en face de Baie Verte, où les Indiens avaient récemment dressé leur camp. Je trouvai là, je pense bien, cinq cents d’entre eux. Le sauvage qui m’avait amené me dit d’entrer dans son wigwam… (Après avoir tenu conseil, les sauvages décident que Casteel doit payer sa rançon ou mourir…) Puis je fus mis à bord d’un canot avec le major Cope et cinq autres hommes pour être conduit au village (de Baie Verte.) En mettant pied à terre, je rencontrai Francis Jérémie et plusieurs autres Indiens, dont l’un était Paul Laurent, à qui Francis dit que je parlais très bien l’anglais… L’Indien me demanda si j’estimais que la somme de trois mille livres était trop considérable pour ma rançon : je lui répondis que si j’en avais vingt mille, je les donnerais toutes plutôt que de m’exposer à perdre la vie. À ce moment mon maître vînt, et je lui demandai si la somme de trois cents livres n’avait pas été convenue entre nous, et s’il ne m’avait pas été dit que j’étais un homme mort si je balançais à accepter cette condition. Mon maître me répondit que si, qu’il était homme, et n’avait qu’une parole, et que je n’avais pas à payer plus

  1. Journal dans les Doc. in., p. 118-9.