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parlé relativement à ce que M. l’abbé le Loutre marque dans sa lettre[1], je n’ai eu garde de leur donner aucun conseil là-dessus et je me suis borné à leur promettre que je ne les abandonnerois point. Aussi ai-je pourvu à tout, soit pour les armes, munitions de guerre et de bouche, soit pour les autres choses nécessaires.

« Il seroit à souhaiter que ces sauvages rassemblés pussent parvenir à traverser les Anglois dans leurs entreprises, même dans celle de Chibouctou. Ils sont dans cette résolution, et s’ils peuvent mettre à exécution ce qu’ils ont projeté, il est assuré qu’ils seront fort incommodes aux Anglois et que les vexations qu’ils exerceront sur eux leur feront un très grand obstacle. Ces sauvages doivent agir seuls, il n’y aura ni soldat ni habitant, tout se fera de leur pur mouvement et sans qu’il paraisse que j’en aie connaissance.

« Cela est très essentiel, aussi ai-je écrit au Sr. de Boishéber d’observer beaucoup de prudence dans ses démarches, et de les faire très secrètement, pour que les Anglois ne puissent pas s’apercevoir que nous pourvoyons aux besoins des dits Sauvages.

« Ce seront les missionnaires qui feront toutes les négociations et qui dirigeront les pas des dits sauvages. Ils sont en très bonnes mains. Le R. P. Germain et M. l’abbé le Loutre étant forts au fait d’en tirer tout le parti possible et le plus avantageux pour nos intérêts, ils ménageront leur intrigue de façon à n’y pas paroître… »

Le résultat qu’il attendait de tout cela, poursuivait la Jonquière, était d’empêcher les Anglais de faire aucun nou-

  1. Richard cite la lettre de Jonquière à partir de : « je n’ai eu garde, I did not care… » en sorte que l’on ne sait pas exactement ce dont il s’agit ni à quoi se rapporte ce je n’ai eu garde.