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tration d’esprit si nécessaire à l’historien, manque d’une autre qualité, et celle-là essentielle, pour mériter ce titre : la probité. L’historien fait le procès du passé : toutes les pièces, tous les documents doivent être versés au dossier, scrutés, disséqués ouvertement, pour que la vérité ait chance de sortir du débat où la conscience humaine est intéressée.


Les faits qui forment le sujet de ce chapitre ne sont pas seulement importants en ce qu’ils démontrent avec éloquence la manière et les procédés de Parkman, ils le sont également au point de vue de l’histoire. La mort de Howe a eu une influence considérable sur les événements qui se sont déroulés dans la suite. En aggravant l’irritation des Anglais contre les Français, elle a amené cette terrible conséquence, — la déportation des Acadiens[1].

  1. Le MS. — fol. 356 — contient la note suivante : « Depuis que ce qui précède est écrit, nous avons vu que Parkman, dans son dernier ouvrage, dit, sans explication, que la complicité de Le Loutre n’est pas prouvée. Quantum mutatus ab illo ! D’où vient ce changement ? que s’est-il donc passé ? Rien, si ce n’est que Casgrain l’a pris quelque peu à partie sur ses conclusions, en lui disant que la Valière, Prévost, Maillard, qu’il cite, concluent tout autrement que lui, et tout autrement qu’il ne nous le laisse supposer. Mais il (Parkman) n’a produit aucune preuve nouvelle. Casgrain n’a cependant pas découvert le vrai « pot-aux-roses », mais il pouvait être sur la trace, et vite il fallait le dépister par une admission, sans quoi lui ou quelque autre pourrait bien pousser plus loin les recherches et dénicher ses ruses et son Pichon. Les choses en étaient à ce point que Parkman pouvait se dire comme les enfants qui jouent à cache-cache : ça brûle.

    L’ouvrage où Parkman dit que la complicité de Le Loutre n’est pas prouvée, est A Half Century of Conflict, vol. II, ch. XXI, Acadian Conflicts, p. 180 : «  The worst charge against him (Le Loutre), that of exciting the Indians of his mission to murder captain Howe, an English officer, has not been proved » Cet ouvrage est de 1892.

    Pour Casgrain, cf. Coup d’œil sur l’Acadie, Canada-Français, 1888, Tome I, p. 126 et seq. Et aussi Appendice I de Pèlerinage au pays d’Evangéline…