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Sophie, ou



Scène IV.

SOPHIE, CLAIRVILLE.
Sophie.


QUe votre abſence m’a paru longue & que j’ai de plaiſir à vous revoir ! mais vous êtes venu ſeul, dit-on ; je croyois que Célicour & ſon Oncle…

Clairville.

Ils me ſuivent, je les ai devancés pour me ménager un moment d’entretien avec vous ; leur préſence va vous gêner, ils paſſeront ici pluſieurs jours ; car Durval ſouhaite que le mariage de ſon neveu ſe faſſe à la Campagne.

Sophie.

Lui avez-vous confié le nôtre ?

Clairville.

Non, je n’ai oſé lui ouvrir mon cœur ; vous l’avouerai-je ? Durval m’effraie : Obligeant, honête, ſincere, mais brusque & peu ſenſible, ſon âge, ſon état & ſon caractère l’éloignent de l’amour ; le ſentiment, qui m’attache à vous, lui paroîtra peut-être une foibleſſe, notre union une imprudence, une folie, enfin Celicour (jeune & mon Ami) m’inſpire plus de confiance ; Permettez-moi de lui apprendre notre ſecret, il a de l’aſcendant ſur ſon Oncle,