Page:Riccoboni - Sophie, ou le mariage caché, 1770.pdf/48

Cette page a été validée par deux contributeurs.
46
Sophie, ou

Nison.

Tout cela pourroit bien n’avoir de prix que dans l’éloignement.

Sophie.

Ah ! Niſon, vous n’avez jamais aimé.

Nison.

Oh ! que ſi, j’ai été folle tout comme une autre ; ne fis-je pas autrefois la ſottiſe de me marier ? j’avois le cœur tendre, l’imagination vive ; elle diminuoit les maux, exageroit les biens, celà étoit charmant ; qu’arriva-t-il ? Au bout d’un mois le preſtige ceſſa ; mais à quoi vous déterminez-vous ?

Sophie.

A voir Clairville cette nuit, à prendre avec lui des meſures promptes & ſûres, pour nous tirer de l’embarras où nous ſommes.

Nison.

Rentrez donc dans votre appartement ; je vais guêter l’inſtant de lui parler ; & dès que tout le monde ſera retiré, nous viendrons enſemble vous retrouver. Voici Mad. de St. Aubin & Henriette, rentrez vite avant qu’elles vous apperçoivent.

Sophie.

Conduiſez-vous avec prudence.

Nison.

Fiez-vous à moi, je ſçaurai bien me débaraſſer d’elles.