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Sophie, ou

l’avertir de ſe rendre cette nuit à mon appartement ?

Nison.

Il ne m’a pas été poſſible de l’approcher ; dès que je me ſuis préſentée, les yeux de Madame de St. Aubin, & ceux d’Henriette, ſe ſont fixés ſur moi ; je n’ai oſé riſquer le moindre ſigne ; mais, de l’humeur dont ils ſont tous, ils ne peuvent reſter long-tems à table ; Clairville rêve, Celicour bâille, Madame de St. Aubin gronde, ſon Mari dort, Henriette boude, & Durval boit. Celà fait un petit ſouper bien gai !

Sophie.

Que je ſuis inquiette ! ah Niſon ! comment finira tout ceci ? Je ne trouverai plus que des ennemis dans cette maiſon.

Nison.

Ma foi, Madame, je commence à trembler pour vous ; Celicour aura peu de crédit pour vous nuire ; mais cette méchante Mad. de St. Aubin, cette jalouſe Henriette, & Durval ce vieux fou, qui s’aviſe d’être amoureux, vous feront tout le mal qu’ils pourront.

Sophie.

Durval eſt un honête homme, & je ne puis penſer….

Nison.

Je ne m’y fierois pas.