Page:Ricci - Trigault -Histoire de l'expédition chrestienne au royaume de la Chine, Rache, 1617.djvu/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

& le celebrent par presens, banquets, & autres signes de resjouyssance ; cela se fait principalement l’année cinquantiesme. auquel temps ilz sont ordinairement mis au nombre des vieillards, & en apres tous les dix ans. Les enfans, s’ilz sont de l’ordre des lettrez, demandent de leurs amis divers poëmes, & emblèmes escrits avec grande artifice, esquelz sont contenues les louanges de leurs peres, pour honnorer cete solemnité. Entre iceux aussi quelque uns font imprimer des livres, & le jour mesme de la nativité en embellissent les parois de la sale de la maison, & rendent encor d’autres complimens à celuy qu’ilz félicitent pour son aage.

Ce jour aussi est solemnel entre les Chinois, auquel les filz parvenus en aage prennent le bonnet viril, non autrement que les jeunes hommes Romains anciennement despouillans l’habit d’enfance, prenoient la robe viril. Cet aage communément est de vingt ans ; car jusqu’à ce temps ilz portent les cheveux espars.

Mais principalement par tout le Royaume la plus grande feste, & qui est observée esgalement de toutes sectes, est le commencement de l’an nouveau, le premier jour de la nouvelle Lune, & encor à la pleine Lune ; car alors est la feste des lanternes, pour ce que chacun en chaque maison allume des lanternes diversement & artificiellement faites de papier, verre, velin, desquelles le marché est plein pour estre vendues pendant tous ces jours, dont chacun se choisit celle qui luy plaist le plus  : & souvent les sales & les maisons semblent brusler pour les lanternes allumeez de tous costez. Et pendant ces mesmes jours on court diversement ensemble toute la nuict, & les masques portent partout des lanternes enlaceez les unes dans les autres en forme de dragons. Ilz allument aussi beaucoup de feux de joye, & representent plusieurs esbatements avec la poudre à canon, & les rues, & maisons semblent par iceux toutes en feu, ce qu’il fait beau voir.





Des linéament du corps, ornements, habits, & autres coustumes receues entre les Chinois.


CHAPITRE VIII


LE peuple de la Chine est la plus part de couleur blanche ; car quelques-uns des provinces Meridionales pour la proximité de la Zone torride sont bruns. Leur barbe est claire, quelques uns n’en ont point, le poil rude, & sans moustaches, elle paroist tard,