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livret, ou on renvoie modestement les presens, ou on escrit ceux qu’on a acceptez ou non, marquant la liste de ceux qu’on rend en eschange, & ce non sans divers complimens de ceremonie, qu’il seroit long de raconter. Cela aussi nous est fascheux & importun, que les Chinois ont accoustumé faire des petitz presens d’argent. Car les superieurs envoient souvent aux inférieurs, & les inférieurs aux superieurs dix escus, autresfois cinq, quelquesfois aussi moins. Ceux qui sont de quelque Magistrat, ou anoblis par les degrez honorables des lettres, toutes les fois qu’ilz rendent ces devoirs de visite, se revestent de l’habit particulier de leur office, qui n’est pas peu different de l’ordinaire. Ceux qui manquent de ces tiltres, & neantmoins sont personnes de qualité, ont aussi leur habit convenable aux visites, & iceluy different de l’ordinaire ; & ne se peut pas faire autrement sans offense de l’un ou de l’autre. Pour cete cause nous mesmes, à fin que nous ne soyons rejettez de la conference des hommes principaux, nous vestons quand il est necessaire de mesme façon ; si d’adventure l’un rencontre l’autre, qui ne soit vestu de cet habit de civilité, ilz ne se saluent nullement avec les ceremonies accoustumeez, jusqu’à ce que l’autre robe de soit revestu du mesme habit. Et ainsi toutes les fois qu’ilz sortent en public, leurs serviteurs portent leur robe de civilité  : que si cela ne se peut faire, alors celuy qui avoit vestu cet habit de visite, s’en despouille, & ilz font les complimens de salutations que nous avons dit cy dessus en habit ordinaire.

S’ilz font plusieurs visitez en leur maison, le principal d’entre eux, prend avec les deux mains le siege de l’hoste, ou de chacun d’iceux, & les met en leur lieu, à l’endroit plus honorable de la sale ; apres il les secouë de ses propres mains, encor qu’il n’y ait pas la moindre poussiere. Et si les chaizes sont desja poseez en leur lieu, c’est toutefois la coustume de les toucher chacune avec les deux mains, & comme les poser plus proprement ; puis chacun de ceux qui sont visitez font le mesme, & tout de mesme façon. En apres le plus honorable d’entre les hostes, s’ilz sont plusieurs, prend de mesme façon le siege de celuy qu’il visite, & le pose à l’opposite de sa chaize, & tout de mesme façon secoue, ou fait semblant de secouer la poussiere. Tous les autres apres, s’ilz sont plusieurs, font le mesme par ordre de l’aage, ou dignité. Cependant que cela se fait, celuy à qui on rend ce devoir se tient à costé, & mettant les mains dans les manches & les levant, puis abaissant un peu rend graces, & refuse modestement l’honneur qu’on luy fait.

Les hostes consument beaucoup de temps pour le haut bout ou principal siege d’honneur, en fin on s’arreste à ces loix. Entre ceux qui sont