Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/622

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du capital agricole se substituera à celle-ci pour ne produire que les profits habituels du capital.

Si l’on peut importer le blé à un taux moins élevé que celui auquel nous le livrerait l’exploitation d’un second terrain déjà plus fertile, la rente descendra encore, les profits s’élèveront, et une nouvelle terre d’une catégorie supérieure sera mise en culture pour ne produire exclusivement que des profits. À chaque phase de notre développement social des profits du capital croîtront, la rente baissera et de nouvelles terres seront abandonnées. Le pays jouira ainsi de toute la différence entre le prix de revient du blé à l’intérieur et le prix auquel on peut l’introduire, et cette différence sera prélevée sur l’ensemble des importations.

M. Malthus a exposé avec la plus grande habileté l’effet du bas prix des céréales sur ceux qui contribuent à servir l’intérêt de notre énorme dette. J’adopte complètement un grand nombre de ses conclusions à ce sujet. Une réduction majeure dans le prix du blé donnerait certainement une puissante impulsion à la richesse de l’Angleterre, mais la valeur monétaire de cette richesse serait diminuée. Elle serait diminuée, dis je, de toute la différence introduite dans la valeur pécuniaire du blé consommé ; elle s’accroîtrait, au contraire, de l’excédant de valeur échangeable acquis par l’ensemble des marchandises qu’on exporterait contre les céréales. Il y aurait toutefois inégalité sensible entre le dernier phénomène et le premier, et la valeur monétaire de nos marchandises tomberait inévitablement dans une grande proportion.

Mais cette diminution réelle dans la valeur de toutes nos marchandises ne prouve en aucune manière que notre revenu annuel doive fléchir au même degré. Les partisans de l’importation basent la supériorité de cette opinion sur la certitude où ils sont que le revenu ne subirait pas une telle réduction ; et comme les taxes s’acquittent au moyen de notre revenu, il en résulte qu’en réalité le fardeau ne serait pas aggravé.

Supposons que le revenu d’un pays descende de 10 à 9 millions à une époque où la valeur de la monnaie aura été altérée dans le rapport de 10 à 8. Un tel pays jouirait d’un revenu net plus considérable après avoir payé un million sur la somme la puis petite, qu’après l’avoir prélevé sur la somme la plus considérable.

Il est positif encore que le détenteur de fonds publics recevrait une valeur réelle, supérieure aux termes des conventions stipulées, pour les emprunts des dernières années ; mais comme ils contri-