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Smith, « qu’à quantités égales, le travail productif consacré aux manufactures ne peut jamais donner des résultats aussi beaux qu’en agriculture. » Je suppose qu’il a laissé échapper ce mot de jamais, qui ramènerait ici son opinion à la doctrine des économistes plutôt qu’à ses théories personnelles ; car il a établi, et selon moi très-exactement, qu’au début d’une nouvelle nation, et dans toutes les phases de son développement ultérieur il est une portion des capitaux agricoles, dont l’emploi est simplement destiné à produire les profits ordinaires du capital, et dont on ne retire aucune rente. Il est positif que le travail, appliqué à de telles terres, ne sera jamais aussi fécond que le même travail engagé dans l’industrie manufacturière.

La différence n’est pas grande au fond, et nous en ferons volontiers abstraction en raison de la sécurité, de la considération qui accompagnent les capitaux consacrés à l’agriculture ; mais dans l’enfance des sociétés, à cette époque de leur existence où la rente n’existe pas encore, le produit des capitaux engagés dans l’industrie et dans les instruments de culture n’égale-t-il pas au moins le quantum reproductif des fonds consacrés aux exploitations agricoles ?

Cette opinion diffère cependant des doctrines générales que M. Malthus a Si habilement fondées dans un dernier écrit et dans toutes ses autres publications. Dans ses Recherches, en parlant de ce que je considère comme analogue à l’opinion d’Adam Smith, il dit : « Je ne puis cependant pas reconnaître avec lui que toute terre sur laquelle on recueille des subsistances doive nécessairement produire un fermage. Les terrains que le progrès des civilisations tend à faire exploiter successivement peuvent suffire à ne payer que les profits et le travail. Un profit convenable sur l’ensemble des capitaux engagés, y compris nécessairement les salaires du travail, sera toujours un appât suffisant pour les cultivateurs. » Les mêmes motifs conduiront quelques individus à fabriquer des marchandises, et ces deux natures de profits seront, à des époques analogues de la vie sociale, ramenées à un taux à peu près équivalent.

J’ai eu souvent occasion de constater dans le cours de ces déductions que la rente ne tombe jamais sans déterminer une hausse immédiate dans les profits du capital. S’il nous plaît aujourd’hui d’importer le blé plutôt que de le récolter à l’intérieur, nous n’aurons obéi qu’à une seule influence, l’attrait d’un prix plus favorable. Si nous réalisons effectivement ces importations, la dernière portion de capital appliquée au sol, et improductive de rente, sera mobilisée. La rente baissera, les profits s’élèveront et une autre fraction