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Si la chute de la rente, en diminuant les ressources des propriétaires, diminue aussi la demande de marchandises nationales, celle-ci s’accroît d’un autre côté dans une proportion bien plus considérable, en raison de l’opulence ascendante des classes commerciales.

Je suis loin de croire que des restrictions imposées à l’importation du blé puissent nous enlever une partie de notre commerce extérieur, et sur ce point je suis d’accord avec M. Malthus. Mais ce commerce prendrait un immense développement dans l’hypothèse de libres opérations ; et, d’ailleurs, la question n’est pas de savoir si nous pourrions conserver à notre commerce extérieur toute son importance, mais bien si, dans les deux cas, nous en retirerions des bénéfices égaux.

La liberté commerciale et le bas prix des blés n’augmenteraient ni ne réduiraient la valeur de nos marchandises au dehors ; mais le prix de revient pour nos manufactures serait bien différent dans le cas où le taux du blé, au lieu de s’élever à 80 shillings le quarter, descendrait à 60 shillings. Conséquemment les profits s’accroîtraient de toutes les sommes épargnées dans la production des marchandises exportées.

M. Malthus produit une observation qui déjà avait été faite par Hume, c’est-à-dire que le renchérissement des prix exerce une influence magique sur la marche de l’industrie : il en conclut que les effets de toute baisse doivent être radicalement contraires et désastreux. On a constamment envisagé l’accroissement des prix comme un contre-poids destiné à combattre avantageusement le cortège des désordres qui résultent de toute dépréciation survenue dans la monnaie, soit par une chute réelle dans la valeur des métaux précieux, soit par la surélévation arbitraire des dénominations numéraires, soit enfin, par des émissions exagérées de papier monnaie. Dans toutes ces circonstances on l’a considéré comme favorable, parce qu’il améliore la situation des classes commerciales aux dépens de ceux qui jouissent de revenus fixes, et parce que c’est principalement au sein de ces classes que s’accumulent les grands capitaux, que se développe le travail productif.

Le retour vers un système monétaire plus régulier, retour si désirable, tendrait à paralyser momentanément l’accumulation et le travail, en blessant les intérêts de la portion industrieuse de la nation : or, ajoute-t-on, c’est là l’effet d’une baisse dans les prix. M. Malthus suppose qu’une réduction dans la valeur des céréales produirait les mêmes effets. Quand bien même l’observation de Fume serait fon-