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qui dormirait dans les caisses de la Banque, se trouverait égale au contingent de numéraire jugé indispensable pour satisfaire aux demandes de remboursement qui pourraient lui être adressées. — Il faut aussi se rappeler, qu’en restreignant ses émissions, la Banque aurait un moyen immédiat pour diminuer à volonté le nombre de ces demandes. À l’instar de la banque de Hambourg, qui achète l’argent à un taux invariable, il faudrait que la Banque fixât un prix très-peu inférieur à celui de la Monnaie, et auquel elle pût en tout temps acheter avec ses billets les lingots d’or qui lui seraient offerts.

L’idéal du crédit serait de permettre à un pays d’administrer sa circulation avec la plus petite quantité possible de lingots ou de coin, et au moyen d’une monnaie de papier qui conservât toujours sa valeur légale. Le plan proposé aurait pour résultat d’atteindre cette perfection. Et avec une monnaie d’argent, soumise à des principes justes, nous aurions la circulation la plus économique et la plus stable du monde. Les fluctuations dans le prix des métaux seraient réduites à la différence entre le prix auquel la Banque achèterait les lingots, et le prix de la monnaie qui lui servirait de base pour ses ventes, — et cela, quelles que soient d’ailleurs les demandes sur le continent, ou l’importance du contingent versé par les mines de l’Amérique. Les proportions de la circulation se calqueraient avec la plus grande précision sur les besoins du commerce. Et s’il arrivait que la Banque fut assez imprudente pour surcharger la circulation, le frein dont le public serait pourvu l’avertirait bientôt de son erreur.

Quant aux banques provinciales, elles devraient, comme aujourd’hui, rembourser sur demande leur papier en billets de la banque d’Angleterre. Il y aurait là une garantie suffisante pour les empêcher d’accroître outre mesure la monnaie de papier. Personne ne serait tenté de fondre les espèces, et on éviterait en conséquence ce travail stérile que consacraient les uns à monnayer le métal même que les autres trouvaient intérêt à transformer en lingots. La circulation, enfin, ne serait plus exposée à être rognée ou altérée ; elle posséderait une valeur aussi invariable que l’or lui-même, et on aurait ainsi réalisé un projet que les Hollandais ont rêvé et accompli avec un système très-analogue à celui que recommandent ces quelques pages.