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seurs de la Banque, qu’une réduction de ce genre élèverait immédiatement la valeur des billets restés en circulation ; que, de plus, personne n’aurait intérêt à demander des espèces à la Banque en échange de billets, puisque l’exportation des lingots n’offrirait aucun profit, quel gage de sécurité resterait-il à la Banque ? Qui la protégera contre le caprice général, ou contre un mauvais vouloir qui porterait le public à renoncer à l’usage des petits billets, et à demander, pour les remplacer, des guinées à la Banque ? La Banque devrait non-seulement alors réduire de 15%, sur 19 millions, la masse de ses émissions, — non-seulement elle devrait réunir assez de lingots pour acquitter les 4 millions de billets de 1 l. et 2 l. restés en circulation ; mais elle aurait encore à faire face au remboursement des petits billets des banques provinciales qui viendraient l’assaillir, et cela dans le court espace de deux ans. J’avoue qu’il serait impossible à la Banque de conjurer ces éventualités, probables ou illusoires, mais sérieuses toutefois : et quoique cette situation ait été l’œuvre de son imprévoyance, il serait désirable de la protéger, s’il se peut, contre toute conséquence désastreuse.

Si des moyens plus doux peuvent produire les mêmes bienfaits pour le public, la même garantie contre la dépréciation monétaire, nul doute que chacun ne s’empresse de les adopter.

Que le Parlement ordonne à la Banque d’Angleterre de payer, sur demande, ses billets au-dessus de 20 livres, à l’exclusion de tous les autres, et de les payer à son choix, en espèces ou lingots d’or au titre ou en monnaie étrangère, évaluée d’après le prix de l’or-lingot à la Monnaie, c’est-à-dire à 3 l. 17 s. 10 1/2 d, l’once, et en tenant compte de la différence de pureté, — ces remboursements devant dater de l’époque indiquée par la Commission.

On pourrait étendre à trois ou quatre années le privilège accordé ci-dessus à la Banque, pour le mode de ses paiements. Si même cette mesure paraissait avantageuse, on pourrait la rendre permanente. Jamais alors la circulation ne descendrait au-dessous de la valeur légale, car une once d’or équivaudrait constamment et uniformément à 3 l. 17 s. 10/12 d. De tels règlements préviendraient d’une manière efficace le retrait de cette masse de petits billets nécessaires aux paiements inférieurs. Celui qui ne posséderait pas au moins 20 livres en petits billets ne pourrait les échanger à la Banque, et encore en les échangeant ne recevrait-il pas des espèces, mais des lingots. Il est vrai qu’on pourrait obtenir des guinées à la Monnaie, mais ce ne serait qu’au bout de quelques semaines ou de quelques mois et en