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tion une portion considérable de numéraire, tout accroissement dans les billets de banque peut diminuer passagèrement la valeur de la circulation totale, papier et or à la fois ; mais cette dépression ne sera jamais constante. En effet, l’exubérance et le bon marché de la monnaie abaisseront le taux du change, et détermineront l’exportation d’une partie du numéraire. Cette exportation cessera, ensuite, aussitôt que la circulation aura recouvré sa valeur et ramené le change au pair. La multiplication des billets inférieurs se traduira en définitive par la substitution d’une monnaie à une autre, d’agents en papier à des agents métalliques, et n’agiront pas comme un accroissement actuel et permanent[1].

Nous ne sommes cependant point dépourvus de tout critérium propre à nous faire évaluer le montant relatif de la circulation, comparé, à différentes époques, aux billets de banque ; et quoique nous ne puissions admettre ce critérium comme infaillible, il a en lui des probabilités d’exactitude suffisantes pour décider la question qui nous occupe. Ce critérium consiste dans les billets de 5 l. et au-dessus, que nous devons toujours envisager comme conservant des proportions assez régulières relativement à la circulation totale. Ainsi, si depuis 1797 les billets de cette dénomination se sont accrus de 21 à 16 millions, nous pourrons en inférer que la circulation totale a augmenté du tiers. Si d’ailleurs, le rayon dans lequel circulent les billets de banque n’a été ni étendu ni resserré, les billets au-dessous de 5 l. seront émis à mesure qu’on enlève les agents métalliques à la circulation, et se multiplieront en raison de toute augmentation correspondante dans les billets d’une coupure plus élevée.

Si je suis autorisé à croire que l’accroissement du montant de notre circulation doit être attribué à une multiplication de billets de banque de 5 l. et au-dessus, et jamais à une surémission de billets de 1 l. et 2 l. substitués aux guinées exportées ou thésaurisées, je dois nécessairement rejeter toutes les conclusions de M. Pearse, car

  1. Ceux qui rejettent les raisonnements du Bullion Committee’s-Report ont souvent, et avec justice, soutenu qu’une augmentation des billets de banque au-dessous de 5 l. devait être considérée comme une substitution aux coins exportés, plutôt que comme une augmentation actuelle de circulation. Mais quand ces messieurs veulent établir leur théorie de prédilection, celle qui repousse toute connexité entre le montant de la circulation et le taux du change, ils n’ont garde de ne pas appeler à leur secours ces petits billets qu’ils avaient auparavant dédaigneusement écartés.