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la circulation d’un pays par rapport à ses provinces extrêmes.

Je suis intimement persuadé que la monnaie ne joue qu’un rôle très-secondaire dans l’infinie multiplicité des transactions commerciales qui s’opèrent entre les provinces éloignées du royaume. Les importations se balancent presque toujours par des exportations[1], et la preuve en est, que la circulation locale des provinces (et elles n’en ont pas d’autre) s’étend rarement à une distance considérable du lieu de l’émission.

Si les rédacteurs de la Revue ont été conduits à admettre cette doctrine erronée des commerçants, que dans le cas même où le numéraire ne serait pas moins cher dans le pays exportant, on l’expédierait encore, en échange de marchandises ; si, dis-je, ils l’ont admise, c’est qu’ils n’ont pas trouvé d’autre argument pour s’expliquer comment la hausse du change a pu quelquefois accompagner une surémission de bank-notes, ainsi que l’a établi dans un rapport adressé à la commission des métaux précieux (Bullion Committee), M. Pearse, ex-sous-gouverneur et gouverneur actuel de la banque. Ils disent : « Sous ce point de vue, il n’est certainement pas facile d’expliquer la progression ascendante du change en face d’une multiplication patente de billets, phénomène qui se représente pourtant assez fréquemment, et sur lequel le sous-gouverneur de la Banque a fortement insisté comme une preuve que nos changes extérieurs n’ont aucun rapport avec l’état de la circulation. »

Il n’y a pourtant pas dans ces deux circonstances une incompatibilité absolue. M. Pearse semble avoir méconnu, comme les rédacteurs de la Revue d’Édimbourg, le principe émis par les partisans de l’abrogation du Restriction-bill. — Ceux-ci ne prétendent pas, ainsi qu’on le suppose, qu’un accroissement de billets de banque abaissera constamment le taux du change, mais ils disent que ce résultat sera produit par une circulation surabondante. Il nous reste donc à examiner si une augmentation de bank-notes est nécessairement, et en tous temps, suivie d’un accroissement permanent de la circulation : et si je puis démontrer le contraire, on n’éprouvera plus de difficulté à concilier la hausse du change avec une augmentation de billets de banque.

On reconnaîtra immédiatement que, tant qu’il existe en circula-

  1. Une partie de la production des provinces s’exporte sans aucun retour pour aller constituer le revenu des absents ; mais cette considération ne peut avoir d’influence sur la question générale de la circulation.