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2o Par ces même causes, dans leur rapport avec la chose que nous avons adoptée comme mesure fixe de la valeur[1]. »

Tout ceci est vrai pour ce qui regarde les monopoles, et même, quant au prix courant de toute marchandise, pendant un temps borné. Si la demande de chapeaux devient deux fois plus forte, le prix en montera sur-le-champ ; mais cette hausse ne sera que temporaire, à moins que les frais de production des chapeaux, ou leur prix naturel ne s’élève en même temps. Si le prix naturel du pain baissait de 50 pour cent par suite de quelque grande découverte dans la science de l’agriculture, la demande de pain n’augmenterait pas considérablement, personne n’en voudrait avoir que ce qui lui suffirait pour satisfaire ses besoins, et la demande n’augmentant pas, l’approvisionnement n’augmenterait pas non plus ; car il ne suffit pas qu’on puisse produire une chose pour qu’elle soit produite en effet, il faut encore qu’on la demande. Voici donc un cas où l’offre et la demande ont à peine varié, ou n’ont augmenté que dans une même proportion ; et cependant le prix du blé aura baissé de 50 pour cent, et cela pendant que la valeur de l’argent n’aura point éprouvé de variation.

Des produits dont un particulier ou une compagnie ont le monopole, varient de valeur d’après la loi que lord Lauderdale a posée ; ils baissent à proportion qu’on les offre en plus grande quantité, et ils haussent avec le désir que montrent les acheteurs de les acquérir ; leur prix n’a point de rapport nécessaire avec la valeur naturelle ; mais quant aux choses qui sont sujettes à la concurrence parmi les

    et que surviennent les crises matérielles. À tout prendre, rien n’empêcherait de fabriquer aujourd’hui, aux mêmes frais qu’il y a tant de siècles, les catapultes, les bélier et les tortues qui servaient aux assauts de nos ancêtres : mais le canon a remplacé, avec ses rugissements et ses violences, toutes ces vieilleries de la guerre et il n’en figure plus sur nos marchés. Pour résumer maintenant en quelques mots cette dissertation qui ne nous semble pas avoir été poursuivie encore sous toutes ses faces ; nous dirons que, pour un moment donné, et des intervalles restreints, le prix relève surtout de l’offre et de la demande ; mais que pour de vastes époques, ce sont les frais de production qui gouvernent le marché. L’une des deux lois est plus souple, plus actuelle, l’autre plus régulière et plus forte : l’une est la partie mobile, l’autre la partie fixe d’une autre loi générale qu’elles constituent par leur réunion, et qu’on pourrait appeler une loi régulatrice des échanges, si l’on tenait absolument à lui donner un nom.

    A. F.

  1. Voyez An Inquiry in to the nature and Origin of public Wealth, p. 13.