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de mémoire, dans un pays où, grâce à un idiôme rempli de voyelles, et à une imagination vive et mobile, tout le monde est, sinon poëte, au moins versificateur. Quelques vers amoureux et fades étaient trop peu remarquables pour créer une littérature. Les troubadours furent, peut-être, des hommes aimables, mais en général ils manquèrent de goût et d’instruction, et surtout de noblesse dans le caractère et d’élévation dans la pensée. Quand on n’a ni l’un ni l’autre, on n’a qu’un talent faux, et l’on n’influence ni son siècle, ni l’avenir.

Laurette ne lisait donc pas faute de livres, et surtout à cause de ses continuelles occupations. Une femme trouve toujours dans sa famille l’emploi de son temps. Elle ne savait pas écrire : le comte ne pensait point que la science de l’écriture fût utile au bonheur des femmes ; elles doivent, disait-il, être à même de