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dis, il n’y aurait sur la terre ni voleurs sur les grands chemins, ni rats, ni démons, ni enchanteurs, ni possédés, et surtout point de philosophes : on verrait alors le nouveau règne de Dieu, par le moyen des chevaliers, des exorcismes, des excommunications, des croisades, dragonnades et auto-da-fé, toutes choses nobles et saintes.

Vous n’avez plus voulu de ce bon temps. Le jour où l’un de vous sut lire, vos malheurs commencèrent ; l’esprit de rébellion s’empara de ce premier lecteur ; et, de l’un à l’autre, il fit de tels progrès que nous n’avons pu réussir à vous exterminer tous, pour votre bien. Le résultat de vos lectures, le voici : Vous êtes éclairés, mais indévots ; libres, mais malheureux ; vous nous avez enlevé la terre, et nous vous avons fermé le Ciel ; et, sur cette terre, où vous vivez sans foi et sans loi, vous êtes possédés du démon.