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ses femmes, ses valets et leurs femmes et leurs enfans, rangés en haie sur le chemin du moine ; les curieux qui s’étaient groupés à la porte extérieure des prisons, répétèrent le même cri ; ce cri retentit jusque sur la place ; et les spectateurs, les soldats, les juges, les imans, réunis autour de l’échafaud ; les bourreaux qui savonnaient le pal, et les femmes sensibles qui respiraient déjà des odeurs pour calmer leurs nerfs, levèrent les mains au ciel, les croisèrent sur la poitrine, la droite sur la gauche, les portèrent ensuite sur les genoux, s’aplatirent le dos, s’inclinèrent dévotement, et crièrent par trois fois : Alha ! alha ! alha !

En remontant d’un cri à l’autre on arriva jusqu’au moine. Une folle joie s’empara de ces infidèles ; il leur semblait que les destins s’expliquant par sa bouche promettaient la victoire au prophète. Le renégat fut conduit sur la