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moins effrayée ; elle connaissait l’art de les mettre en fuite. Partons, dit le moine, rien ne manquait au dernier exorcisme, je suis sûr de la docilité de la mule.

L’herbe était tendre, ai-je dit ; mais la possédée n’en sut rien. Attachée court et fort, elle n’avait pu brouter ; et la nuit, pour elle, n’avait été qu’un long jeûne.

Dieu, dit le moine, en aidant sa compagne à monter derrière lui, ne refuse rien à ses serviteurs, quand ils le prient avec confiance ; car il est écrit : Avec un grain de foi vous transporterez les montagnes. — Frère, répondit-elle, il vous sera bien plus facile de transporter la mule qu’une montagne : transportez-nous donc tous les trois, comme nous voilà ; paraissons tout-à-coup dans la principale mosquée de Jérusalem, à l’heure de la messe, quand les infidèles changent le pain en Mahomet. Vous leur prêcherez le vrai Dieu ; votre éloquence