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à des considérations trop longues, parce que les questions sociales sont prodigieusement complexes. Si on veut les exposer d’une façon trop succincte, on ne peut pas les rendre assez claires. C’est l’occasion ou jamais de dire avec Horace : Brevis esse laboro, obscurus fio. Pour cette fois et pour ne pas fatiguer les lecteurs de la Revue philosophique, nous préférons nous en tenir à la seule question des castes.

Cependant nous ne pouvons pas nous empêcher de faire une petite remarque en terminant.

Comme presque tous les adversaires de l’organicisme, M. Bouglé reconnaît implicitement la vérité de cette théorie, tout en la combattant. Il dit par exemple : « Les sociétés, comme les organismes, divisent les travaux entre leurs membres, car elles sont des êtres collectifs, et la division du travail est une condition générale du perfectionnement de ces êtres, de quelque nature qu’ils soient » (p. 346).

Nous n’en demandons pas plus long. Et, quoi qu’il en dise, cette seule phrase suffit à classer M. Bouglé parmi ces organicistes qu’il combat avec tant d’ardeur, parce que les termes être vivant et organisme sont complètement synonymes. Les organicistes n’ont jamais affirmé que les sociétés sont des plantes ou des animaux quelconques, ils ont affirmé qu’elles sont des êtres vivants d’une nature particulière, mais obéissant cependant aux lois générales de la vie étudiées par la science appelée biologie.

J. Novicow.
Odessa.