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défini ? Il y a longtemps qu’on l’a soutenu et que les fugues de Bach, par exemple, n’exprimaient ou ne suggéraient aucun sentiment, ce qui d’ailleurs ne les empêche point d’être admirablement belles.

Je ne puis qu’indiquer au lecteur les idées directrices du livre et je lui signale en terminant le chapitre ix sur l’origine de la musique et le rôle que, d’après M. Wallaschek, y jouerait le sens du temps, time-sense. Encore une fois, si l’évolution va du simple au complexe, dès l’instant qu’il est plus facile d’imaginer un rythme sans mélodie qu’une mélodie sans rythme, on comprend fort bien la précession du rythme. J’ajouterai que la surdité tonale, pour si rare qu’elle soit, l’est infiniment moins que l’incapacité de marcher ou de danser en mesure. Ainsi, toutes choses égales d’ailleurs, les hommes, pris dans leur totalité, étant plus sensibles, plus promptement et plus facilement sensibles au rythme qu’à la mélodie, il est naturel que les plaisirs attachés à la perception des rythmes aient été les premiers plaisirs musicaux.

Ces plaisirs pris en eux-mêmes sont d’intensité médiocre. Mais ils font naître un désir chez celui qui les éprouve, celui de se mouvoir en cadence. Les enfants dansent au son du tambour. Et quand on est lassé du repos, rien n’est agréable comme de pouvoir régler ses mouvements.

L’évolution des aptitudes musicales étudiée chez l’enfant, donnerait, croyons-nous, des résultats analogues aux conclusions que M. Wallaschek a eu la patience d’extraire et le mérite de dégager des documents ethnographiques. Et c’est pourquoi nous ne saurions trop recommander cet excellent livre à tous ceux qu’intéresse la psychologie du musicien.

L.D.




III. — Théorie de la connaissance.

Ed. Von. Hartmann. Das Grundproblem der Erkenntniss theorie (Eine phänomenologische Durshwanderund der möglichen erkennthisstheoretischen Standpunkte). Leipzig, W. Friedrich.

Nous avons dans cet ouvrage l’opinion de M. de Hartmann sur la position qu’il prétend prendre à l’égard du problème de la connaissance. Il ramène à trois points de vue principaux les théories que l’on peut émettre sur cette question, au réalisme naïf, à l’idéalisme transcendantal et au réalisme transcendantal, et, avant de se décider pour l’un ou pour l’autre, il les soumet à la critique la plus sévère.

D’après lui, les propositions fondamentales du réalisme naïf sont les suivantes

1° Ce qui est perçu, ce sont les choses elles-mêmes et non pas seulement leur action sur nous ; ce sont moins encore de simples produits de l’imagination. — 2° Ce que l’on perçoit dans les choses s’y trouve réellement comme on le perçoit, bien qu’il y ait en elles maint carac-