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interne, c’est-à-dire d’une part le tracé des limites et l’indication des rapports entre une science et une autre, d’autre part l’établissement des divisions intérieures d’une science.

On a vu déjà qu’il élargit le cadre des connaissances en y comprenant les lettres et les arts. Il l’élargit encore en introduisant dans une subdivision les occupations humaines qui instituent les travaux, applications et réalisations de la science.

Il distingue une classification subjective-objective, la plus importante, une classification objective et une subjective. La première se rattache à l’indivisibilité du sentir et du beau, du comprendre et du vrai, du vouloir et du bon. La seconde consiste dans le classement par objets, en allant du plus simple au plus complexe. La classification subjective peut l’être de deux manières : ou relativement à l’humanité dans son évolution ou relativement à l’enfant qui apprend : suivant l’auteur, l’humanité et l’enfant procèdent d’une façon inverse : l’une est allée du simple au complexe, l’enfant va au contraire naturellement du concret à l’abstrait-concret, puis à l’abstrait.

Il distingue encore des sciences objectives et des sciences subjectives : ainsi la mathématique est une science objective, mais par le raisonnement dont elle se sert pour fonder ses théorèmes, elle se réfère à une science subjective, c’est-à-dire rapportant l’objectif au subjectif, la logique.

L’exemple suivant fait bien comprendre ce que l’auteur entend par sciences générales ou spéciales : la peinture, l’architecture, la sculpture sont spéciales : un sculpteur peut ne pas savoir peindre ; mais peintre, architecte et sculpteur doivent pouvoir dessiner : le dessin est ainsi l’art commun ou l’art général ; de même la grammaire pour toutes les branches de la littérature.

M. de la G. tient compte ensuite de la complexité et de la simplicité. MI. Il introduit encore deux nouveaux points de vue, celui de l’état dans lequel la science existe pour l’homme et celui du milieu où se trouvent placés les êtres. La science, dit-il, peut exister pour l’homme à trois états différents : ou bien il la découvre, ou il la perçoit simplement, ou elle lui est transmise par l’enseignement. Quant au milieu, il considère l’espace et le temps : ainsi il y a des arts qui se manifestent dans le temps, la musique par exemple ; d’autres se manifestent dans l’espace, comme les arts du dessin ; d’autres enfin se manifestent dans l’un et l’autre, comme la littérature, surtout comme la littérature dramatique.

Ce qui précède s’applique à la classification externe et en partie aussi à la classification interne. À l’égard de celle-ci en particulier, M. de la G. introduit une nouvelle division fondée sur la considération de l’état statique, dynamique ou statico-dynamique : par exemple, dans la phonétique on étudie à l’état statique la nature des phonèmes, à l’état statico-dynamique leurs transformations spontanées, à l’état dynamique leurs changements sous l’action d’autres phonèmes.