Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 19.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
46
revue philosophique

nue, par exemple comme cessant brusquement son action à partir d’une certaine distance. La difficulté de représenter mathématiquement de telles variations ne constitue nullement une obligation d’en rejeter la possibilité.

La loi de continuité, relative à la trajectoire et à la vitesse, est-elle d’ailleurs nécessaire ? Il serait difficile de le démontrer, le plus qu’on puisse dire serait que des conceptions contraires nous entraîneraient dans des complications considérables au point de vue mathématique ; mais comme ces conceptions n’ont pas encore été développées, on n’a pas une idée précise de ces complications et des inconvénients qui en résulteraient.

Un argument très sérieux contre la nécessité de cette loi peut être tiré du fait que les sensations, dans les expériences de psychophysique, apparaissent comme discontinues ; il me paraît inutile de développer cet argument qui ruine le seul fondement sur lequel on pourrait espérer d’établir cette loi a priori.

J’ai achevé l’analyse que j’avais entreprise ; je crois en effet sans intérêt, pour le point de vue auquel je me suis placé, de parler de la quatrième partie de l’ouvrage de Kant, la phenoménologie.

Si mes lecteurs veulent bien se reporter aux considérations générales par lesquelles débute cet article, j’ose espérer d’ailleurs qu’ils les trouveront suffisamment justifiées par les développements dans lesquels je suis entré, pour que je n’aie pas à les reprendre maintenant comme conclusions de cette étude.

Paul Tannery.