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qu’une émotion ? par Gurney ( critique de l’article de M. James publié sous ce titre dans un précédent numéro).

E. Gurney. Les problèmes de l’hypnotisme. Examen de l’explication donnée par Carpenter en s’appuyant sur une base exclusivement mentale : thèse de l’automatisme critiquée par l’auteur de l’article. Braid a choisi un autre genre d’explication dont la base est physique. Importance donnée à l’attention : critique de cette théorie. — Examen des doctrines qui ont à tort passé sous silence le rôle des fonctions psychiques dans l’hypnotisme. Heidenhain : hypothèse d’un arrêt des fonctions de la couche corticale. D’après lui les décharges nerveuses passeraient directement des centres sensoriels inférieurs aux centres moteurs, sans atteindre la couche supérieure du cerveau et sans éveiller la conscience. — Examen de la thèse de Despine sur la cérébration inconsciente. — M. Gurney en admettant l’action réflexe consciente ou psychique comme exprimant le caractère propre des plus hautes manifestations hypnotiques, la défend contre deux tentatives de simplification excessive : celle qui ignore le rôle joué par l’esprit dans ces phénomènes ; celle qui en le reconnaissant ne tient pas compte du rôle de l’inhibition. D’après lui le problème, ou du moins le cœur du problème, doit être cherché non dans la conscience mais dans la volonté. Il cite a ce sujet quelques expériences curieuses et termine en indiquant divers problèmes qu’il ne veut pas aborder.

Hutchison Stirling. Kant n’a pas répondu à Hume (1er article). L’auteur rejette l’opinion commune que Kant non seulement a continué Hume, mais l’a dépassé.

Notes et discussions. La séparation des questions en philosophie, par le Rév. W. Davidson. — L’esprit comme facteur social, par Lester Ward. La science moderne considère l’esprit comme un produit de l’évolution et le classe avec les autres phénomènes naturels, faisant de la psychologie une province de la biologie. Mais l’investigation obstinée des phénomènes naturels a conduit à cet excès de croire que la plus haute sagesse consiste a apprendre et a suivre les lois de la nature. De la, dans l’ordre social, la doctrine du laissez faire, c’est-à-dire ne touchez pas aux lois de la nature qui se manifestent dans la société. L’auteur s’attache à montrer que l’esprit est un nouveau pouvoir introduit dans le monde, que toute la civilisation est un produit de l’art qui est l’antithèse de la nature et que, si le processus de la nature est une sélection naturelle, le processus caractéristique de l’homme est une sélection artificielle.

W. James. Sur la fonction de la connaissance. L’auteur recherche non comment elle se produit, mais ce qu’elle est : il ne se demande pas ; comment pouvons-nous sortir de nous-même ? mais comment le sens commun a-t-il reconnu un certain nombre de cas dans lesquels cela est non seulement possible, mais actuel ? C’est un chapitre de psychologie descriptive. Il part de l’hypothèse delà statue de Condillac, en la modifiant. L’état de conscience, pour être une connaissance au sens spé-