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A. BINET et CH. FÉRÉ. — l’hypnotisme chez les hystériques

rielles que motrices. De plus, il y a des cas où le siège de la douleur nous a permis de tirer quelques conclusions psychologiques sur la nature des phénomènes transférés ; nous faisons allusion au transfert de la volition qui n’est pas suivie d’acte.

Nous remarquerons aussi l’extension que nos expériences ont donné au domaine du transfert. Il est prouvé dès aujourd’hui que l’aimant exerce son pouvoir, non seulement sur des phénomènes purement physiques, comme des paralysies, non seulement sur des phénomènes à la fois physiques et intellectuels, comme des actes volontaires, mais encore sur des phénomènes entièrement psychiques et ne se traduisent au dehors par aucun signe visible, comme par exemple la résolution d’accomplir un acte déterminé ou de prononcer une parole. Tous les phénomènes de la psychologie, peut-on dire, sont justiciables de l’aimant, à la condition d’être unilatéraux. Cette importante observation démontre, ce nous semble, une vérité qui a été longtemps pressentie par les psychologues, mais qui, jusqu’ici, n’avait pas reçu une démonstration complète. Les psychologues contemporains affirment que tout phénomène psychique, si détaché qu’il paraisse de la matière, est en réalité le fragment d’un tout psycho-physiologique. Ce qu’ils affirment sans toujours le prouver, l’œsthésiogène le prouve expérimentalement ; car tous les phénomènes psychiques sont soumis au transfert, et comment le transfert serait-il possible, et seulement concevable, si ces phénomènes psychiques n’avaient pas une base matérielle ? On se refuse à comprendre qu’un agent physique comme l’aimant puisse exercer une action quelconque sur une idée pure, et la transporter d’un côté à l’autre du corps.

Cette extension du domaine du transfert ne contient pas seulement un enseignement pour la psychologie. La pathologie aussi peut y trouver son compte ; car l’aimant est un des plus puissants modificateurs du système nerveux, et si l’on agrandit la sphère d’action de cet œsthésiogène, on augmente du même coup les applications de la métallothérapie et les ressources de la thérapeutique. Nous nous contentons d’indiquer cette voie, dans laquelle nous nous engagerons peut-être un jour.

A. Binet et Ch. Féré.