Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 19.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
24
revue philosophique

seulement en méconnaître la nature et la signification, c’est encore leur imposer un nom qui égare l’esprit dans des comparaisons fausses : c’est à peu près comme si on appelait les paralysies systématiques du mouvement des impulsions motrices négatives.

En voilà assez sur ce point. Nous reprendrons ailleurs cette étude, au sujet de laquelle nous avons réuni un grand nombre d’observations encore inédites. Nous ne devons nous occuper ici que des phénomènes du transfert. Les anesthésies systématiques, quand elles sont unilatérales, peuvent être transférées comme toutes les autres espèces de paralysies. La transposition se fait dans des conditions qui méritent d’être relevées : nous les indiquerons lorsque nous présenterons une étude générale sur les anesthésies systématiques.

VII

Nous arrivons au terme de cette étude sur le transfert. Nous nous sommes bornés à enregistrer les principaux résultats, négligeant un grand nombre de détails qu’il nous resterait à reprendre en sous œuvre. On nous dispensera de considérations générales sur le fait du transfert considéré en lui-même, sur sa nature, sur son mécanisme, sur ses conditions. Le moment d’expliquer ce curieux phénomène est loin d’être venu ; nous croyons conforme à la bonne méthode d’écarter ces questions, au sujet desquelles on ne peut même pas faire d’hypothèses vraisemblables. Le transfert existe, voilà tout ce qu’on peut en dire ; contentons-nous d’étudier les phénomènes secondaires qui l’accompagnent.

Le premier de ces phénomènes est celui de la douleur ; il est si constant qu’il mérite le nom de « douleur de transfert ». La malade se plaint encore quelque temps après la fin du transfert, et souvent nous avons dû intervenir et supprimer la douleur qui ne cessait pas d’elle-même. La localisation du point douloureux présente une fixité remarquable elle est la plupart du temps en conformité absolue avec les recherches anatomo-cliniques et physiologiques[1]. Le sujet apporte donc, sans en avoir conscience, une confirmation intéressante à la théorie des localisations cérébrales, tant senso-

  1. Lorsque, par une suggestion nouvelle, on transpose un phénomène suggéré unilatéral, on ne provoque pas de douleur localisée ; c’est qu’il s’agit d’un processus tout différent du transfert par un œsthésiogêne.